Kaiju No 8, le manga qui connaît un succès retentissant au Japon. Est-ce vraiment le shonen du moment ? Découvrons-le ensemble !
Si vous êtes un habitué de la bande dessinée japonaise, vous connaissez sans doute depuis longtemps Kaiju No. 8, surnommé le manga du moment dans son pays d’origine. Si, en revanche, vous n’avez jamais entendu parler de ce titre, nous sommes certains que le manga créé par Naoya Matsumoto, un mangaka qui en est à sa troisième série, ne passera pas inaperçu, même ici.
Kaiju No.8: 6 millions d’exemplaires imprimés
La carte de visite de Kaiju No 8 parle de chiffres monstrueux: 6 millions d’exemplaires imprimés, dont plus de 4 millions ont été vendus, et plus de 100 millions de vues sur la plateforme numérique Shonen Jump+, le magazine où sont encore publiés les chapitres papier. Ces chiffres sont stupéfiants si l’on tient compte du fait que le manga n’a été lancé qu’en juillet 2020 et qu’il n’a pas encore fait l’objet d’une adaptation en anime (même si la rumeur veut qu’une série animée soit bientôt produite).
Mais s’agit-il vraiment d’un nouveau phénomène manga prêt à rivaliser avec les monstres sacrés de la bande dessinée orientale que sont One Piece, Naruto et Dragon Ball? Star Comics en est persuadé et joue franc jeu. En témoignent les nombreuses versions (normale, variante et coffret) de la bande dessinée en vente.
En particulier, le coffret contient le premier numéro avec la couverture normale, divers gadgets et le deuxième volume.
Une initiative intéressante qui permet aux lecteurs (même occasionnels) de se faire une idée plus précise de ce qu’est le phénomène Kaiju n°8.
Kaiju No 8 : histoire et personnages
Comme le titre l’annonce, le manga est rempli de Kaiju, des monstres aux proportions gigantesques typiques de la science-fiction japonaise, mais pas seulement. Plusieurs et nombreux personnages sont introduits dans les deux premiers numéros de Kaiju No 8, presque tous des adolescents ambitieux et compétitifs, qui seront probablement développés dans les prochains volumes, mais qui laissent déjà une marque indélébile sur les goûts et les dégoûts du lecteur. Le protagoniste incontesté du manga est Kafka Hibino, un jeune homme de 32 ans travaillant pour Monster Sweeper Inc, une entreprise japonaise spécialisée dans l’élimination des carcasses de kaiju, qui a un jour eu un rêve : rejoindre les forces de défense pour travailler aux côtés de son amie d’enfance Mina Ashiro, une capitaine multi-décorée. La vie monotone de Kafka est interrompue par l’arrivée du jeune Leno Ichikawa, qui doit bientôt passer son examen d’entrée dans les forces de défense et qui rejoint Monster Sweeper Inc. pour acquérir de l’expérience avec les kaiju (bien que morts) sur le terrain. Les deux font immédiatement équipe et Leno parvient à convaincre Kafka de repasser une dernière fois l’examen d’entrée à l’académie, mais les choses tournent mal.
Leno est attaqué par un Yoju, une version plus petite d’un kaiju, et Kafka est blessé en tentant de sauver son collègue, avant que l’équipe du capitaine Ashiro n’intervienne. Leno et Kafka se retrouvent à l’hôpital et c’est là que l’impensable se produit… un petit Yoju se faufile dans la bouche de Kafka, qui se transforme en un monstrueux et puissant kaiju humanoïde : Kaiju No. 8, comme l’ont surnommé les médias. Personne d’autre que Leno ne connaît le secret de Kafka qui, en peu de temps, apprend à maîtriser ses pouvoirs de kaiju et à se transformer librement, d’humain à kaiju et vice versa, quand il le souhaite.
Pendant ce temps, les sélections pour entrer dans la Force de Défense commencent et les deux protagonistes entrent en contact avec les autres prétendants à la défense du Japon, dont le jeune espoir Kikoru Shinomiya, un adolescent arrogant et chasseur de kaiju très doué, qui s’en prend au « vieux » Kafka, le plus adulte des candidats (dont la moyenne d’âge est de 17/18 ans)… et aussi le plus incapable ! Mais c’est la dernière chance pour Kafka d’aspirer à travailler aux côtés de Mina. Réussira-t-il à ne pas utiliser ses pouvoirs de kaiju ou devra-t-il les exploiter quand même en révélant qu’il est le Kaiju n°8 et en mettant ainsi sa vie en danger ? Aussi parce que les dangers ne sont pas loin et que d’autres êtres semblables à notre protagoniste sont prêts à entrer en jeu.
D’entrée de jeu, Matsumoto nous présente avec ces deux premiers numéros de Kaju No. 8 un produit de très bonne qualité. L’intrigue mise en place par l’auteur, bien que simple et sentant le « déjà vu », maintient un bon rythme dès les premières pages, alternant, comme tout shonen qui se respecte, scènes d’action et scènes drôles.
Kaiju No 8 est l’enfant d’un manga qui a acquis une notoriété considérable et qui s’inspire fortement d’œuvres telles que My Hero Academia, Attack of Titans,Tokyo Ghoul et One Punch Man, pour n’en citer que quelques-unes . Il y a de nombreuses références à des éléments déjà vus dans ces œuvres, mais Matsumoto sait les mélanger et construire une histoire intéressante et rapide avec des personnages charismatiques.
Le choix d’un protagoniste « âgé » pour un public cible très jeune auquel s’adressent généralement les shonen est un choix étrange mais qui s’avère finalement réussi. Kafka est un personnage avec lequel il est facile de sympathiser dès le départ ; il représente pleinement l’homme moyen (rêves brisés, travail ennuyeux, vie banale), mais dès qu’il reçoit ses pouvoirs de kaiju, il se révèle généreux, juste et altruiste… toutes les caractéristiques qui distinguent un héros !
Mais tous les personnages, aussi nombreux soient-ils et à peine esquissés, sont charismatiques à leur manière et laissent entrevoir une caractérisation qui sera sûrement mieux exploitée dans les prochains tomes. Intéressante est la relation entre Kafka et Mina qui, malgré le sentiment visible et très fort qui les lie, alors que le premier nourrit une quasi-vénération pour son ami, la seconde reste impassible et froide comme le marbre surtout lorsqu’elle entre en contact avec Hibino. S’est-il passé quelque chose entre elles dans le passé ? Y a-t-il une histoire entre les deux ? Matsumoto aura fort à faire pour expliquer ce qui s’est passé.
Le méchant qui est introduit à la fin du premier et du deuxième volume est également très intéressant et ajoute au mystère qui entoure les pouvoirs de kaiju de Hibino.
La réussite de Kaiju n°8 tient aussi aux crayons de l’auteur, qui prouve qu’il n’est pas un novice et qu’il a déjà fait la classique « gavetta ». Le trait est fluide, sûr et vif. Les scènes d’action sont claires et dynamiques, les personnages reconnaissables et la réalisation des kaiju est spectaculaire, tout comme l’étude et la réalisation de la forme monstrueuse de Kafka Hibino, qui réussit à être à la fois effrayant, badass et drôle (voire adorable par moments). Préparez-vous à voir plusieurs cosplayers dans les prochains salons inspirés par la version kaiju de Kafka.
Mais comme toute grande œuvre qui se respecte, tout n’est pas parfait et il y a quelque chose qui m’a fait lever le nez dessus. Kafka devient trop vite habile à contrôler ses pouvoirs et à les exploiter comme s’il les avait toujours possédés. L’auteur, à mon avis, aurait pu jouer sur l’incapacité du protagoniste à exploiter pleinement ses capacités de kaiju pendant un certain temps, au moins au début. Au lieu de cela, Kafka semble, hormis quelques petites difficultés initiales, maîtriser ses pouvoirs et anéantir les kaiju à droite et à gauche, trop facilement et trop légèrement. Peut-être y aura-t-il une explication à cela aussi, du moins je l’espère.
Kaiju No 8 : le manga de l’olympe ?
Pour en revenir à la question initiale de cette critique, sommes-nous vraiment face au manga du siècle? Il est trop tôt pour le dire, mais Kaiju No 8 à découvrir sur Japscan est certainement un excellent manga avec des personnages charismatiques et une capacité à capter l’attention du lecteur et à augmenter son engouement page après page. A coup sûr, une très bonne lecture recommandée à tous les amateurs de shonen qui divertissent et font vibrer.
Nous verrons bientôt, s’ il parvient à entrer dans l’Olympe des mangas à succès.